Ne pas toucher. Cette consigne répétée sans cesse. Ne touche pas la porte. Ne touche pas la poignée. Ne touche pas l’ascenseur. Ne touche pas les produits. Mesure de précaution. D’accord. J’ai compris. Je ne suis pas débile. Mais techniquement, si on suit cette logique, tes gants qui soit disant te protègent, es tu vraiment sûre que eux, ils n’ont pas touché la porte ? Si, on est bien d’accord. Et ces gants qui ont touché la porte, ils n’ont pas touché tes mains peut être ? D’accord, tu t’es lavé les mains en rentrant. Mais bon. Ils ont quand même traîné dans ta poche. Et ton sac. Et eux tu ne les as pas lavés, hum ? Mais oui, tu as raison, c’est sûrement plus sûr que je ne touche pas cette porte, ni cette poignée, ni cet ascenseur, ni ces produits. Et ta carte bleue ? Mode sans contact. Tu es sûre ? L’autre jour, je l’ai pourtant bien vue rentrer dans la machine. Machine ayant contenu la même journée d’innombrables autres cartes bleues. Qui appartenaient à d’innombrables gens. Des vrais gens. Comme nous. Avec deux yeux, deux jambes, deux bras. Et deux mains. Des mains peut être pas aussi précautionneuses que les tiennes. Des mains qui ont peut être touché la porte, la poignée, l’ascenseur, les produits. Sans gants. Qui ont peut être été lavées en rentrant mais peut être pas aussi bien qu’il le faudrait, avec du savon, tu sais le savon, c’est ça qui tue le virus, je l’ai lu dans le journal ce matin. Des gens qui étaient peut être eux même malades. Peut être que tu es toi même malade. On est pas sûrs de ce que j’ai eu exactement pendant une semaine. Oui, c’est ça, sûrement un rhume. Alors oui, je te demande si tu es vraiment sûre d’avoir éradiqué la menace en un lavage de main. Avec du savon.
Azadée
le journal des collégiens de Valmy
4è épisode du « Feuilleton des Sens » d’Azadée. Retrouvez la Vue, le Goût, l’Odorat