Dé-confinés, certes… mais ce n’est pas pour autant que nos vies ont repris leur cours tout-à-fait normal, nous ne savons toujours pas quand nous pourrons retourner au collège ni nous retrouver comme on dit « de visu ».
En attendant (et en espérant que cela arrive vite) nous avons donc décidé de poursuivre nos publications en entamant aujourd’hui le Journal de nos dé-confinements.
Définir cette période floue qu’a été le « confinement » n’est pas facile. Pendant un petit moment, l’humain consommateur s’est presque senti fragile et a fondu comme un oiseau de proie sur le supermarché du coin, se croyant en danger. Puis n’a plus bougé de chez lui, ou alors seulement à la fin de son stock de pâtes. Les preppers ont esquissé un petit sourire narquois en voyant aux infos les rayons de papier toilette vides, et ont ronchonné « Je vous l’avais bien dit… » en s’enfermant dans leur bunker, s’apprêtant à se nourrir de conserves et de biscuits secs en attendant l’apocalypse, réfléchissant déjà à une liste de voisins qu’ils accepteraient peut-être éventuellement de sauver. Les ados ont sauté de joie en découvrant qu’ils avaient leur brevet, sans même l’avoir passé. Les hôpitaux se sont remplis, plus ou moins vite. Les réseaux se sont encombrés, provoquant de plus en plus de plantages, plongeant de nombreuses familles dans le désarroi. Le gouvernement a bredouillé, balbutié, hésité, tenté de rassurer à grands coups de promesses et de masques (qu’on a toujours pas d’ailleurs). Les géants du streaming se sont frotté les mains.
Et moi, dans tout ça ? Le confinement est passé finalement plutôt vite, malgré sa monotonie. Ne voir que mes parents et ma sœur à longueur de journée a été assez difficile. Des promenades quotidiennes ont un peu aidé. Comme on a un bon stock de bouquins / films / chocolat, j’ai survécu. Mais bon. C’était pas la folie. J’ai l’impression d’écouter beaucoup plus de musique qu’avant ; j’ai fini par tomber dans le trou sans fond de la K-pop, mais ai réussi à m’en tirer grâce à une fan aux conseils avisés. J’ai également sombré dans le riche univers de Dune, et souhaité parfois voir un faiseur débarquer et dévorer ce virus afin de nous en débarrasser.
Il y a de fortes chances pour que l’on soit rapidement re-confinés (en me baladant dans le quartier, j’ai croisé quasiment autant de monde qu’en temps normal), mais j’espère que ce ne sera pas le cas. Dans une quinzaine de jours, je vais me faire charcuter (on va m’arracher la preuve de mon intelligence supérieure et de ma sagesse digne de celle de maître Dayo. Je trouve ça dommage, mais bon, on n’a rien sans rien. Il faut accepter quelques sacrifices pour avoir un sourire sorti d’une pub de dentifrice. Il paraît qu’on va me shooter, que je vais juste faire quelques rêves bizarres et en ressortir avec la tête d’un hamster), événement qui aurait dû avoir lieu deux mois avant. Je me dis que sur une courte période, j’aurai droit à la sortie des nouveaux tomes de mangas pour lesquels je poiraute depuis des mois, alors une petite opération, c’est rien en comparaison. Mais ça me donne vraiment l’impression que c’est fini, que tout va redevenir normal alors que ça va être long, très long.
Azadée